Osez, innovez… Entreprenez et Adoptez la Digitale Attitude ! Voilà le mot d’ordre de la troisième édition de la Journée de la Femme Digitale qui s’est tenue à Paris au Palais Brongniart, le vendredi 13 mars 2015. Cette journée, organisée par Catherine Barba et Delphine Remy-Boutang, deux web-entrepreneures, nous a offert un cocktail dynamisant de conférences autour des femmes et du digital.

Mais attention, n’y voyez pas là une réunion Tupperware où les femmes se galvanisent à se dire qu’elles sont meilleures que les hommes et qu’il est temps qu’elles prennent le pouvoir. Bien sûr, il a été question de la place des femmes dans l’entreprise et leur rôle dans la révolution numérique que nous sommes en train de vivre, mais le but des différentes tables rondes était d’échanger sur les opportunités qu’offre le digital aujourd’hui pour les femmes.

« Le digital est une chance pour les femmes car il rebat les cartes : il permet de travailler autrement, de manière collaborative, avec davantage de liberté. » dixit Delphine Remy-Boutang.

Les femmes audacieuses et connectées

Stéphane Richard, PDG d’Orange, a débuté la séance en mentionnant que, à l’heure où nous passons en moyenne 2h40 par jour sur notre smartphone, les femmes sont tout aussi connectées que les hommes.

De plus, les études ont montré que la nouvelle génération des entrepreneurs est plus féminine et plus connectée que par le passé.

Une enquête, réalisée par Capgemini Consulting auprès de 500 répondantes en février 2015, a révélé les résultats suivants :

  • 95% des femmes interrogées pensent que le digital favorise la création d’entreprise
  • 60% portent des projets digitaux dans leur organisation
  • 76% considèrent que le digital ne donne pas de chance d’accéder à des responsabilités

Enquête Capgemini consulting Femmes Digitales

Ce dernier constat montre bien qu’il est important de démontrer aux femmes que le digital peut être un levier d’opportunités professionnelles.

Les métiers du numérique ne sont pas réservés aux hommes

Les femmes sous-représentées dans les filières scientifiques

Guy Mamou-Mani, Président du Syntec Numérique (le syndicat professionnel des métiers du numérique) a souligné le taux de féminisation trop faible dans le secteur du numérique et notamment dans les métiers techniques.

La France manque actuellement d’ingénieurs et de femmes ingénieurs. Or, on constate que parmi les jeunes ingénieurs français, la proportion de femmes souhaitant créer une entreprise est plus importante que la proportion d’hommes (cf. site de la Conférence des Grandes Ecoles).

Il est donc essentiel pour développer l’activité économique d’inciter de plus en plus les femmes à s’orienter vers les filières scientifiques pour intégrer des écoles d’ingénieurs. Malheureusement, aujourd’hui, les jeunes filles sont trop peu nombreuses à choisir les études scientifiques.

Un système éducatif trop « genré »

Pourtant, une étude récente de l’OCDE a montré que les filles sont plus travailleuses, plus rigoureuses et réussissent mieux à l’école que les garçons. Mais, elles développent moins d’aptitudes dans les mathématiques et les sciences car elles génèrent une anxiété par rapport à ces matières et ne s’autorisent pas à échouer.

Etude OCDE Inégalité femmes hommes

Il est donc de la responsabilité à la fois des enseignants mais aussi des parents de changer cette tendance et d’avoir le même degré d’exigence pour les filles que pour les garçons vis-à-vis des matières scientifiques.

Pour booster les filles à prendre le leadership et pour que les femmes créent des entreprises, il faut donc les attirer vers le secteur du numérique !

Il faut repenser le système éducatif

D’ici 10 ans, la moitié des métiers auront disparu à cause du digital.

60% des métiers de 2030 n’existent pas encore.

Comment adapter l’enseignement à la révolution numérique ?

La révolution numérique est en marche et pourtant le système éducatif a du mal à s’adapter. Emmanuel Davindenkoff, Directeur de la rédaction de l’Etudiant et auteur de l’ouvrage Le Tsunami Numérique, a mis en lumière l’inadéquation de la pédagogie actuelle avec le besoin futur, lors d’une keynote passionnante sur le thème « Réinventons l’éducation ».

En effet, le système éducatif prépare à faire des choses que les algorithmes feront mieux que les humains dans quelques années.

Faut-il pour autant équiper tous nos chers petits de tablettes et d’ordinateurs à l’école ? Les ténors de la Sillicon Valley eux ont choisi de mettre leurs enfants dans les écoles où les écrans numériques sont bannis. En revanche, l’enseignement au sein de ces écoles est fondé sur le développement de la créativité par l’apprentissage des matières artistiques (peinture, chant, danse, …). Peut-être ont-ils compris que leurs enfants doivent être avant tout des créatifs plutôt que des techniciens, car ce sont eux qui vont inventer le monde de demain.

En remettant l’humain au centre !

Le digital va permettre d’industrialiser l’individualisation. Le professeur devra apprendre à enseigner avec des machines. Mais l’humain demeure le pilier central de l’apprentissage.

Grâce à l’utilisation des MOOC, on pourra fonctionner en « classe inversée » : le cours devra être appris en amont, l’enseignant pourra alors évaluer ce qui a été acquis ou pas et ainsi faire travailler les élèves individuellement ou en petits groupes.

La transition numérique dans les entreprises

Les entreprises aussi doivent évoluer et intégrer la révolution digitale dans leur organisation. Le digital ne se résume pas qu’aux outils et à la technique, c’est aussi l’écoute, le dialogue. Il ne faut surtout pas oublier la dimension humaine que ce soit entre les collaborateurs où vis-à-vis du client.

Le rôle du manager a évolué. Auparavant, le manager était celui qui détenait l’information, le savoir, aujourd’hui, les jeunes collaborateurs ont accès à l’information souvent avant les cadres dirigeants. Le manager doit être là pour donner du sens au travail. C’est la fin de la culture du petit soldat qui obéit, il faut donner à chacun le moyen de mettre un pied dans l’ère digitale, pour inventer une nouvelle façon d’agir dans l’entreprise et d’interagir avec les clients.

Les nouvelles méthodes de travail supposent :

  • de rassembler toutes les compétences et faire collaborer les différents métiers en vue d’atteindre un objectif commun : l’innovation.
  • de faire confiance aux salariés qui font, qui mettent les mains dans le cambouis, qui prennent des risques, et le rôle des dirigeants est de les protéger.
  • de sortir des vieilles organisations projets en mode séquentiel avec des échéances à 2 ou 3 ans.

Les entreprises de la Silicon Valley ne mettent pas œuvre de projets qui dépasseraient 18 mois et imposent des livrables mensuels. Une entreprise comme la SNCF s’est d’ailleurs inspirée de ce mode de fonctionnement. Il est ainsi plus facile de réagir, de corriger des erreurs sans mettre en péril toute l’entreprise.

Une journée pour adopter la « Digital Attitude »

Ce fut donc une journée riche en échanges sur le digital, sur les femmes, et sur les femmes et le digital ! Mais il n’y a pas eu que des moments sérieux, les organisatrices nous ont fait de beaux cadeaux, et le rire et le plaisir ont également été présents au rendez-vous !

Tout un espace était dédié au « bien-être » avec un bar à chignons, un bar à ongles, … mais aussi un bar à portraits où les participantes pouvaient faire un shooting avec un photographe professionnel, juste après être passées au stand maquillage histoire de remettre au goût du jour la photo de son profil sur LinkedIn.

Mais le meilleur moment, pour ma part, côté détente, fut la performance d’Olivia Moore, humoriste. Après 13 ans dans différentes fonctions de management au sein de multinationales, Olivia a tout quitté pour la scène et a créé son One Woman Show « Mère Indigne ». Olivia m’a fait beaucoup rire et m’a bien déculpabilisée, car moi aussi je suis une mère indigne quand certains matins, je suis heureuse d’aller travailler après avoir déposé mes petites sorcières à l’école, et car moi aussi je trouve que le 4/5ème est très survendu !

Enfin, j’ai particulièrement apprécié le témoignage de Zahia Ziouani, chef d’orchestre, qui a su faire sa place, grâce à son talent et à sa persévérance, dans un métier longtemps réservés aux hommes .

Pour conclure, je dirais que la journée a été l’occasion de prendre un peu de recul sur les tâches opérationnelles quotidiennes, sur le stress permanent que tous les entrepreneurs, j’imagine, ressentent et de se dire que, oui, le digital est une chance ! Une chance pour tous, et certainement pour les femmes, dans la mesure où la révolution numérique remet à plat les modes de fonctionnement traditionnels avec une communication, non pas verticale et descendante, mais horizontale et collaborative, où l’humain doit demeurer au cœur des échanges malgré tous les nouveaux outils digitaux.

Julie ALBENQUE